Voilà une semaine que je suis arrivé en Terre Adélie. Ce que je découvre semble parfois surréaliste tellement rien n’est familier. Depuis le hublot de l’avion, à environ 1000km de l’arrivée, on pouvait apercevoir le premier pack-ice, de gigantesques plaques de banquise à la dérive et qui annonçait le continent, puis très vite des étendues blanches à perte de vue et des chaînes de montagnes. Un paysage lumineux en deux tons, le blanc de la glace et le bleu du ciel. L’arrivée à Dumont d’Urville fût tout aussi impressionnante avec le glacier, la banquise et les icebergs colossaux figés dans la glace de mer et le froid saisissant dès la sortie de l’avion.
Les manchots Adélie son présent par milliers autour de la base, chaque bout de roche est investi par un couple. D’ici quelques semaines les femelles vont pondre et partir en mer pendant que le mâle incubera le/les œufs.
J’ai pu découvrir la colonie de manchots empereur, le fameux, dont les poussins sont déjà bien grands. Ils sont très curieux, s’approchent et parfois nous suivent. Chaque jour on peut observer les adultes marcher en colonne jusqu’à la mer libre afin d’aller pêcher pour nourrir leur jeune. Pas à pas, lentement et paisiblement ils marchent sur plusieurs kilomètres de banquise. Dans trois semaines je commencerais le marquage de 300 poussins dans le cadre d’un suivi annuel, l’occasion d’en parler un peu plus tard.
Pas le temps de faire le touriste très longtemps, je me suis mis au travail rapidement avec ma collègue hivernante de la mission précédente et dont je vais prendre la relève pour un an. J’ai démarré cette mission avec ma première manip sur les phoques de Weddell qui consiste à parcourir la banquise à leur rencontre et transponder les femelles et leur petit. Le transpondage est un marquage à l’aide d’une petite puce électronique qui permet de fournir un identifiant unique à un individu afin de le suivre toute sa vie et ainsi mieux connaître la biologie de l’espèce. Lorsqu’un individu est déjà marqué son numéro s’affiche sur le lecteur qu’on utilise. On a ainsi contrôlé une vingtaine de phoques déjà marqué et transpondé une dizaine de nouveaux. Les femelles sont assez impressionnantes à transponder, 2m50 de long et 300 à 400kg. Heureusement ce sont des animaux relativement calme et notre manip est rodée et rapide pour déranger le moins possible l'animal. C’était également l’occasion d’apercevoir une autre espèce de phoque présente en Antarctique : le phoque crabier, mais je n’effectue aucune manip sur cette espèce.
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