Le programme sur lequel je travaille s’intéresse à la démographie de différentes populations d’oiseaux, notamment celle des manchots Adélie. Ce petit manchot est présent tout autour de l'Antarctique où il se reproduit en colonie. Pour étudier sa démographie je vais utiliser différents paramètres : le nombre de couples nicheurs, puis le nombre de couples avec œuf et enfin, plus tard, le nombre de poussins.
Cela va tout simplement passer par des dénombrements et il y a de quoi faire… environ 43 000 couples nicheurs sur l’archipel où se trouve la base !
En ce moment (novembre) ces oiseaux ont commencé leur reproduction et le premier œuf a été pondu le 10 novembre. Un premier comptage est effectué pour déterminer le nombre de couples nicheurs par colonie, puis on effectuera un second en décembre pour compter les éclosions (nombre de nids avec poussins). Puis un troisième en février pour déterminer le nombre de poussins par colonie.
Pour ce premier comptage, ont effectue des dénombrements à pied, colonie par colonie. Faute de banquise suffisante durant l’été austral, certaines zones sont inaccessibles à pied et les colonies très éloignées. On utilise alors du photo-comptage par hélicoptère , puis on dénombre sur un logiciel au bureau. Sur des zones inaccessibles de l’Antarctique certain labo utilise la détection et le dénombrement des colonies par satellite grâce à de l'image haute résolution.
Avec ces données on est capable d’estimer le succès de reproduction et de suivre la dynamique de population de cette espèce (en augmentation, diminution ou stable). On peut même aller plus loin, à l'aide de modèle statistiques et de variables environnementales (ex: température, étendue de banquise), on peut faire des prédictions sur le devenir des populations.
De telles études sont importantes pour suivre l’état de conservation d’une espèce et ces données de dénombrement contribuent aussi plus largement à des programmes internationaux de monitoring qui réalise le même type de suivi mais à l’échelle de tout l’Antarctique.
Sans surprise les populations de manchots Adélie sont influencées par les changements climatiques. Globalement, on observe pour le moment une diminution du nombre de manchots en Antarctique de l'ouest (coté péninsule) qui est l'une des zones qui se réchauffe le plus rapidement sur la planète et une augmentation en Antarctique de l'Est (où je me trouve) où les conditions sont pour le moment plus favorable.
La température de surface de l'eau de mer est un facteur qui influence directement la reproduction du manchot Adélie. Les zones où la température s'élève modifient l'habitat qui devient défavorable pour l'oiseau.
En se basant sur les projections de changements climatiques, la plupart des colonies autour de l'Antarctique pourraient connaître un déclin de leurs effectifs dû à la modification de leur habitat. Seul quelques zones de part et d'autre de la mer de Ross (voir carte ci-dessus) sembleraient moins souffrir du réchauffement.
Bien, assez parlé science, voilà quelques photos de gros glaçons vu du ciel dans les eaux cristallines de l'Antarctique :
Toute cette zone d'eau libre redeviendra de la banquise cette hiver.
Yorumlar